À quoi peut ressembler la dépression?

Un moment, une minute, tout tourne et retourne. La vie roule à toute allure. Les journées sont pleines du lever au coucher. La routine du matin débute avec les enfants et le travail. Vite, vite, on dîne, on travaille de nouveau et commence la routine du soir. C’est assez pour s’étourdir du lundi au vendredi. Assez pour retenir son souffle et ne pas respirer jusqu’au samedi. Et là, une autre routine, celle du « il faut », « je dois », « j’ai pas le choix de rattraper ce que je n’ai pas fait pendant la semaine ». On tente de respirer entre les commissions, les cours des enfants, les visites chez les parents, les soirées entre amis. Le dimanche soir, on tente de planifier la semaine à venir et on dort en pensant au lundi matin, cherchant à savoir comment on va tenir le coup encore cette semaine. Une semaine après l’autre, c’est encore la même chose.

La fatigue se fait sentir, on tente par tous les moyens de ne pas tomber, de ne pas y penser et de continuer jour après jour jusqu’aux vacances. Ah! Les vacances, celles qui sont tant attendues, celles qui sauront recharger nos batteries et faire de soi une personne neuve! Mais non, la première semaine est déjà faite et on voit qu’on commence à peine à se détendre et la deuxième semaine est déjà avancée, alors qu’on pense déjà au retour au travail. On dit que les vacances sont trop courtes, qu’on aurait « donc dû » plus se reposer. Les batteries encore faibles, on recommence la routine de chaque semaine. Une après l’autre, on s’épuise. Les batteries déchargées, c’est le moment où l’on risque de tomber. Tomber pour avoir trop donné, trop attendu, trop espéré ne pas se rendre là. C’est le moment où tout semble s’écrouler : au travail, dans le couple, dans la famille. L’espace d’un instant, on se demande pourquoi ça arrive. Qu’est-ce qu’on a fait ou pas fait pour se rendre là. C’est le déni, ça ne se peut pas, ce n’est pas possible, ça doit être autre chose.

Après avoir regardé la situation de tous les côtés, après avoir pleuré toutes les larmes de son corps, l’innommable se nomme : la dépression, l’épuisement professionnel ou encore le burn-out. Un « je ne suis plus capable » crié avec une force indescriptible venant du plus propre de son être. On est simplement incapable de placer un pied devant l’autre sans être à bout de souffle. Ce souffle précieux qui permet d’être encore là. Le temps s’arrête pour qu’on puisse prendre conscience qu’on est encore en vie et qu’on en a une seule. C’est avec une force insoupçonnée qu’on avance pas à pas dans cette tornade qui se tranquillise tranquillement au fur et à mesure qu’on en prend conscience et qu’on accepte ce qui « est ». Les rayons du soleil commencent alors à apporter leur lumière pour y voir plus clair et avancer. La notion du temps qui était tellement présente ne l’est tout simplement plus. Vivre l’instant présent, se rapprocher de plus en plus de la réalité devient incontournable. « Je suis un humain », rien de plus, rien de moins. Un humain qui a tenté de performer, de contrôler, de maintenir un rythme de vie tellement accéléré, qu’il s’est étourdi et en a perdu son sens de l’orientation. Fragilisé par la tempête, on a de la difficulté à croire qu’il est possible de se relever et d’avancer. La peur de retomber s’installe sournoisement.

Et si on prenait cette peur et qu’on s’en servait comme tremplin? Il est effectivement possible qu’on retombe, il est aussi possible qu’on ne retombe pas et qu’on puisse se relever plus fort qu’avant. C’est à partir du moment qu’on accepte la réalité de ce qui est, qu’on s’élève, qu’on ressent une espèce de légèreté et que la lourdeur nous quitte peu à peu. Rien ne sert de culpabiliser en se disant « j’aurais dû » puisqu’on fait toujours ce qu’on croit le mieux au moment où ça arrive. Ce qu’on était hier est différent de ce qu’on est aujourd’hui. Comprendre et accepter que c’est ainsi, contribue à augmenter la légèreté du corps et de l’esprit. Vivre l’instant présent dans la gratitude!